IN MEMORIAM : Jacques MERTENS

Il n’avait que 20 ans , en 1955, lorsqu’il se lança dans le projet fou de créer une troupe de théâtre, en compagnie de ses deux fidèles comparses, Yvonne Vanden Cruyce et Oriane Farli.

Jacques Mertens , qui se faisait appeler Jacques Favier pour le Théâtre, présida aux destinées de la Compagnie théâtrale La Joie durant 40 ans ! Cet artiste infatigable marqua la troupe de son empreinte énergique en faisant rapidement appel à des metteurs en scène professionnels et à des amateurs de haut niveau, sachant qu’un tel encadrement ne pouvait qu’être bénéfique pour ses comédiens. Lui-même assura la mise en scène de 30 pièces en 40 ans !
Amoureux des beaux textes, il a voulu , dès le début, sortir des productions ordinaires. Ainsi, sous sa présidence, des auteurs tels que Sartre, Reza, Bourdet, Aymé, Plisnier, Lorca, Albee, Spaak, Cocteau, Anouilh, Bellon, Mauriac, Bernanos, parmi tant d’autres, ont été portés à la scène avec talent et originalité. Sous sa présidence encore, le niveau des réalisations ont valu l’attribution de multiples récompenses, dont le Trophée Royal en 1968 , pour «  Le journal d’Anne Frank », et en 1970, pour «  Le Dialogue des Carmélites ». La troupe s’est souvent hissée dans le haut des tableaux, aussi bien celui du Tournoi de la Cocof que celui du Trophée Royal. En dehors de sa présidence , Jacques s’est aussi investi dans le monde du Théâtre d’Amateurs en étant membre du CA de la FNCD et du Jury Itinérant du Trophée, durant cinq ans.
Il s’est éteint à la fin du mois de décembre, succombant à la maladie et à son envie de rejoindre les étoiles de la Grande Scène.
Nous étions plusieurs comédiens, ayant joué ou jouant encore à La Joie,qui lui avons rendu un dernier hommage , en ce mardi 10 janvier. Jeanine Leclercq, comédienne qui lui était proche, lui a adressé des mots d’adieu émouvants et sincères , dont nous vous reproduisons quelques extraits, qui résument bien ce qu’il était.
«  Mon cher Jacques, nous voici réunis aujourd’hui pour te dire au revoir. Certains de tes plus anciens amis sont présents pour te saluer, notamment Yvonne Vanden Cruyce, Renée Britt et Mouche. …Voici une vingtaine d’années, déjà, sollicitée par Yvonne pour intégrer la troupe, je t’ai rencontré pour la première fois. Le hasard nous avait placés l’un à côté de l’autre, à table, et nous nous sommes entendus tout de suite. Ta santé était encore florissante à l’époque. J’admirais ta prestance, ton charme, ton savoir-vivre, ton élocution parfaite, ton intelligence, ta culture incroyable dans bien des domaines. L’étendue de tes connaissances m’a toujours éblouie, que ce soit en matière de littérature ou en matière d’art ,comme la peinture ou la musique…
Quant à la littérature théâtrale proprement dite, tu étais carrément incollable et tu nous épatais aux réunions de comité de lecture.
J’ai eu la chance de bénéficier plusieurs fois de tes talents de metteur en scène. Je crois que chacun connaissait ton caractère exigeant, intransigeant, perfectionniste, et tu manifestais rapidement ton impatience, c’est le moins que l’on puisse dire…
Cependant, ton savoir-faire, ton talent et les encouragements que tu prodiguais, faisaient aussi partie de ta personnalité. Et si l’on avait la chance de bien te connaître, on découvrait ta tendresse et ton amitié à toute épreuve…
Tu vas me manquer, tu vas nous manquer…Salut, mon ami, salut l’artiste. »
« Nous étions plusieurs comédiens, ayant joué ou jouant encore à La Joie, à lui rendre un dernier hommage… »
Jean-Pierre DEFRAIGNE